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Explorez le monde du non-coté : le Private Equity

Le Private Equity, ou capital-investissement, permet d’investir dans des entreprises non cotées. Il joue un rôle central en finançant des entreprises en phase de développement ou de transformation, et en stimulant l'innovation au sein de l'économie. Ce type d’investissement est accessible directement (mais plutôt pour des investisseurs professionnels) ou via des fonds spécialisés.

Le Private Equity : un levier de création de valeur dans l’économie

Qu’est-ce que le Private Equity ?

Le Private Equity désigne l’investissement dans des entreprises non cotées en bourse. Historiquement développé aux Etats-Unis, les termes associés à ce type d’opérations conservent de nombreux anglicisme, à commencer par sa dénomination qui est le pendant de la notion anglosaxonne de “Public equity”, qui recouvre elle les marchés cotés.

Pour les particuliers, l'accès à ce type de placement s’effectue généralement via des fonds spécialisés. C’est une alternative qui permet de financer des entreprises en phase de croissance, de transformation ou de redressement. Le modèle repose sur une détention longue, généralement sur une durée allant de 7 à 10 ans (cette durée pouvant être prolongée) ; l’objectif étant de revendre l’actif avec une plus-value potentielle une fois l’étape de croissance ou de transformation achevée. Par conséquent, le Private Equity est par nature une classe d’actifs non-liquide. Il présente un cycle de vie fermé qui comprend plusieurs phases : levée de fonds auprès des investisseurs, période d’investissement ou constitution du portefeuille avec des entreprises offrant un potentiel de revalorisation, puis gestion du portefeuille et recherche de création de valeur, enfin préparation à la sortie par cession progressive des sociétés en portefeuille et distribution des capitaux aux investisseurs.

Les différentes stratégies du Private Equity

Le Private Equity couvre plusieurs segments d’investissement, chacun répondant à des besoins spécifiques et des phases de vie des entreprises.

Venture Capital (capital-risque) : stratégie d’investissement qui cible des start-ups innovantes, à fort potentiel. Du fait généralement de la jeunesse des entreprises, cet investissement est potentiellement risqué, mais peut permettre des rendements plus élevés.

Growth Equity (capital-développement) : cible le financement d’entreprises déjà établies et rentables, mais à la recherche de capitaux supplémentaires pour accélérer leur croissance. C’est une stratégie moins risquée que le capital-risque, puisque les sociétés ont déjà un modèle économique viable et des revenus stables.

LBO - Leveraged Buy-out (rachat avec effet de levier) : opération d’acquisition de tout ou partie d’une entreprise en ayant recours à une combinaison de fonds propres et de dette bancaire. Dans ce type de montage, le rachat est effectué par une société holding montée avec les fonds propres des investisseurs. Devenue actionnaire principale de la société, la holding rembourse l’emprunt contracté auprès des banques grâce aux bénéfices générés par l’entreprise acquise. C’est une stratégie courante pour les fonds à la recherche de rendements élevés. Elle suppose une optimisation opérationnelle et financière de l’entreprise rachetée.

En fonction de la typologie des repreneurs, la stratégie LBO est qualifiée en sous-stratégie. Par exemple, lorsque ce sont des cadres dirigeants de l’entreprise rachetée qui l’acquièrent, on pale de Leveraged Management Buy-Out (LMBO).

Distressed Assets (actifs en difficulté) et Special situations (situations spéciales) : stratégie d’investissement ciblant les entreprises en difficulté financière ou en restructuration. L’objectif principal est de participer au redressement de la société en crise ou en faillite, pour la revendre avec une valorisation améliorée. Cette opération peut inclure des rachats de dette ou des financements de retournements.

Secondaries (marché secondaire) : il s’agit d’une opération derachat de participations dans des fonds de Private Equity déjà existants. C’est en quelque sorte le marché de l’occasion du capital investissement. Cette stratégie permet au fonds qui propose des parts d’obtenir des liquidités et offre aux investisseurs un accès à des actifs déjà en portefeuille, ce qui réduit le risque et le délai d’attente pour le retour sur investissement.

Quelles sont les différences entre Private Equity et marchés cotés

La principale différence du Private Equity avec les marchés cotés réside dans la nature de l’investissement : le capital est investi dans des entreprises non cotées. Lorsque vous investissez dans des marchés cotés, ce dernier se fait via des actions liquides i.e. négociables à tout moment en bourse. Conséquence directe de cette différence : les opérations de Private Equity sont souvent réalisées de façon à acquérir une part significative de l’entreprise et avoir ainsi un rôle actif aux investisseurs dans la gestion des entreprises, contrairement aux actionnaires de sociétés cotées qui sont par construction souvent très minoritaires.

Par ailleurs, le rendement est potentiellement plus élevé pour un investissement en Private Equity, mais sur une durée de placement plus longue sachant que la date d’échéance peut être prorogée : on parle alors d’’illiquidité. L’illiquidité du Private Equity implique que les investisseurs calibrent correctement leur allocation de capital et anticipent leurs besoins de liquidité, et que le gérant (dans le cadre des fonds de Private Equity) s’appuie sur son expertise pour optimiser les entrées et sorties du marché. À l’inverse, les marchés cotés présentent une plus grande volatilité mais permettent une possibilité de liquidité immédiate. Par ailleurs, la réglementation impose aux sociétés cotées une transparence financière publique, ce qui offre une visibilité accrue sur leur performance, aidant les investisseurs à prendre des décisions éclairées.

Les investissements en Private Equity sont réservés à une catégorie d’investisseurs “qualifiés” (il s’agit souvent d’investisseurs initiés, et généralement compétents sur cette catégorie d’investissements), alors que les marchés cotés sont accessibles à tous avec une faible barrière d’entrée.

Comment investir dans le Private Equity ?

Le Private Equity est donc une classe d’actifs de plus en plus prisée en raison de son potentiel de rendement attractif, de sa faible corrélation avec les marchés cotés et de la possibilité qu’elle offre de participer directement à l’économie réelle, ce qui constitue aussi une des raisons de son développement. Mais comment aborder son investissement dans ce type d’actifs ? Quels aspects sont à étudier ?

Diversification et complémentarité avec les classes d’actifs traditionnelles

L’un des principaux attraits du Private Equity réside dans sa capacité à compléter un portefeuille d’investissements traditionnels en apportant une diversification complémentaire.

En effet, il présente une faible corrélation avec les marchés cotés : les valorisations des actifs ne fluctuent pas au gré des mouvements quotidiens des marchés financiers. Les investissements sont moins exposés aux crises boursières, même si la conjoncture économique influe la valorisation à long terme. Une allocation partielle en Private Equity permet généralement de réduire la volatilité d’un portefeuille.

Puisque détenues sur de longues périodes, les entreprises en Private Equity offrent la possibilité de mettre en œuvre des stratégies de création de valeur sur le long terme. Toutefois, cet investissement, par nature illiquide, comporte un niveau de risque plus élevé nécessitant une vision stratégique sur le long terme et une forte tolérance aux fluctuations potentielles.

Les mécanismes d’investissement : accès et structuration

Investir en Private Equity nécessite une compréhension des différents véhicules d’investissement disponibles et des structures impliquées.

Fonds traditionnels : structure LP (limited partners) / GP (general partners)

Le format usuel des fonds de Private Equity repose sur une structure mêlant limited et general partners. Les limited partners sont les investisseurs qui apportent le capital mais qui n’ont pas de rôle actif dans la gestion du fonds. Ils surveillent les performances du fonds à travers des rapports réguliers. Les general partners sont les gestionnaires du fonds qui prennent les décisions d’investissement, réalisent les acquisitions et accompagnent les entreprises. Lorsqu’un fonds arrive à maturité, mais que certaines entreprises du portefeuille nécessitent plus de temps pour atteindre leur potentiel, les General Partners peuvent créer un continuation fund. Il s’agit d’un mécanisme qui permet aux investisseurs initiaux de choisir entre vendre leurs parts ou rester plus longtemps. Cette action permet de prolonger la durée de vie des actifs les plus performants et maximise leur valorisation.

Co-investissement et accès direct : certains investisseurs ont la possibilité d’accéder directement au Private Equity, en co-investissant aux côtés des fonds. C’est une approche qui nécessite une expertise approfondie en due diligence et en gestion de portefeuille.

Marché secondaire et solutions de liquidité : pour remédier au manque de liquidité du Private Equity, un marché secondaire s’est développé permettant aux investisseurs de vendre leurs parts avant la fin du cycle d’investissement. Les offres secondaires rachètent ces parts, offrant une possibilité de sortie intermédiaire aux investisseurs souhaitant récupérer du capital.

La sélection des fonds

La sélection des fonds et des gérants est un facteur clé de performance. Contrairement aux marchés cotés où l’information est très accessible du fait même de la réglementation, le Private Equity fonctionne sur un modèle plus opérationnel. Il faut, pour cela, s’appuyer sur des experts pour identifier les meilleures opportunités.

FCPR, FCPI, FIP : les fonds à connaître

Pour investir en capital-investissement, plusieurs types de fonds sont accessibles, chacun avec ses spécificités. Les FCPR (Fonds Communs de Placement à Risques) investissent au moins 50 % dans des entreprises non cotées. Les FCPI (Fonds Communs de Placement dans l’Innovation) ciblent des sociétés innovantes, avec un minimum de 70 % d’actifs non cotés. Enfin, les FIP (Fonds d’Investissement de Proximité) soutiennent des PME régionales. Ces fonds offrent diversification et avantages fiscaux, mais comportent des risques élevés et peuvent présenter des contraintes d’investissement spécifiques (limitant leur potentiel de performance)

Le Private Equity est une classe d’actifs stratégique pour les investisseurs en quête de rendement et de diversification et qui acceptent le risque de perte en capital. En offrant un accès privilégié à des entreprises non cotées, il permet de créer de la valeur à long terme grâce à une approche ciblée. Toutefois, cette opportunité s’accompagne de défis majeurs : illiquidité, sélection rigoureuse des fonds et contraintes réglementaires. Enfin, la sélection des investissements implique un travail d’analyse et de structuration juridique poussée, qui se traduit souvent par des frais relativement importants à la souscription du fonds pour l’investisseur qu’il faut prendre en compte dans une approche long terme.